La Fourrière^{©Ce texte est protégé par un copyright.}

LA FOURRIERE..

Le maton est passé trop tôt
Zéro-zéro, y a plus d'toto *
On s?est fait r'faire
Le peu qui rend moins malheureux
C?est illégal et dangereux
Manch' de cuillère

Jourd?hui l?ambiance est idéale
Fouille général'tout l'monde à poil
Surboum d?enfer-euh
Les robocops sont descendus
Mieux équipés et plus glandus
Qu?des militaires

Dans leurs rangs y a mêm'des gonzesses
(Qu'on reconnait à leurs gross's fesses)
Sous la visière
Elles rigolaient en piétinant
Lettres de femm's photos d'enfants
Dans la poussière

Ne convient pas qu?ils vous racontent
Comment ils se sont mis à honte
Ton fils ta mère
Ton frèr'ta fille ou l?un des tiens
Qui tournent là-d'dans comm'des chiens
Minc'de fourrière

Y en a qui gueul'nt : parloir sauvage
Par-dessus les murs les grillages
Faut qu?ça s?arrête
Fais-toi envoyer au mitard
Tu pourras y jouer d?la guitare
Qu?est dans ta tête

Dans ta tête ou tu te balades
Plus en sûreté qu?à la prom'nade
Et plus au large
Qu?en ce pays de déraison
Où tu t?dessin's des horizons
Au fond des cages

Demain c?est le jour de cantine
Pour qui peut s'payer les tétines
Qui nous endorment
Peut-êt'e qu?il y aura du courrier
Des gens pour dir'que l'cœur y est
Et c?est énorme

Si t?as personn'tu fais bernique
T?as la dame du s?cours catholique
Pour t?rendr?visite
Qui sent si bon l?amour la vie
Et l?encens que t?as qu?une envie :
Qu?al's?tire et vite

Ici pour la postérité
Mûs par le désir d?honorer
Cet édifice
Des anonymes ont gravé
Dans tous les r?coins d?murs délavés
« Nique la justice »

« Le ciel est par-dessus le toit »
Mêm? si d?ici je n?le vois pas
J?sais qu?il existe
Ciel gris d?automne ou d?été bleu
Il peut pas êtr?parti bon dieu
Ce s?rait trop triste


* toto: thermoplongeur de fortune fabriqué à l'aide de manches de cuillers ou fourchettes rudimentairement isolés et reliés au secteur. Plus ou moins férocement traqué par les matons, permet de faire chauffer des bouteilles d'eau dans un seau pour laver son linge ou se concocter un "coup de jus" (sans, si possible, s'en prendre un dans les pattes). NDLA