Björk Gudmunsdottir
zalula
je ne connaissais pas le mot paria
je ne connaissais pas le mot furoncle
je ne connaissais pas le mot géhenne
je ne connaissais pas le mot aimer
trente-neuf lunes
dans la nuit mogador tombe
entre nous deux
je n'avais jamais picolé
je n'avais jamais souffert
je n'avais jamais espéré
je n'avais jamais été
trente-neuf lunes
sur mogador et la nuit
tombe entre nous deux
je ne savais pas tresser de pâquerettes
je ne savais pas compter les jours
je ne savais pas attendre mon tour
je ne savais pas voir les belles choses
je n'avais jamais marché sur une voiture
je n'avais jamais ri en voulant pleurer
je n'avais jamais passé de nuit dehors
je n'avais jamais été sérieux
entre nous deux
la nuit, trente-neuf lunes
et mogador
je trouvais toujours où me cacher
je trouvais toujours autre chose à penser
je trouvais toujours de quoi m'occuper
je trouvais toujours la vie amère
je ne voyais jamais les coquelicots
je ne voyais jamais le soleil naître et mourir
je ne voyais jamais les fleuves passer
je ne voyais jamais la ville brûler
ya nari, a qalbi
c'est un grand vide maintenant
tout est perdu
tout est foutu
que sont devenus les jours
s'ils s'envolent de nos mémoires
c'est une plaine désolée
où gisent nos corps de fantassins
c'est toujours une autre rue
de l'autre côté de la rue
il faut toujours une autre joie
après la joie
mais à quoi bon ?
à quoi bon courir
si l'on ne se court plus après
à quoi bon vomir
si je ne te vomis plus
à quoi bon attendre
si je ne t'attends plus
à quoi bon aimer
si ce n'est plus toi
à quoi bon rire
si tu ne ris plus
la nuit tombe sur
mogador trente-neuf lunes
entre nous deux
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