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Textes Auteur(e)s Jean-Mi
Textes hors-recueil
112. vrai(e)(s)
Jean-Mi
DIABLOG (déférence gardée envers Roland Dubillard)
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vrai(e)(s)

vrai(e)(s)



NUIT DE VENDREDI A SAMEDI

LUI:- T'as entendu ?... Tu dors ?...
ELLE:- Humm...
- Tu dors ?
- Non... plus maintenant... Qu'est qu'y a ?
- T'as entendu ?
- Mais quoi ? Je dormais, moi !
- La voix... C'était qui ?
- Quelle voix ?
- La voix de femme... C'était toi ?
- Mais non ! Je dormais !
- Elle a chuchoté : "Pour qui te prends-tu ?"
- T'as rêvé, c'est tout.
- Mais non, j'étais en train de lire, regarde : j'ai mis une serviette sur la lampe de chevet pour ne pas te réveiller.
- Avec la serviette, tu aurais dû te bâillonner, ça aurait été plus judicieux... Bon, ne fais pas le gamin, tu as dormi quelques instants. Ca arrive souvent quand on lit au lit.
- Et toi... sans plaisanter... pour qui me prends-tu ?
- Bon, ça suffit ! Éteins ! J'ai sommeil. Si tu veux lire, va dans le salon.
- Je ne reconnais pas ta voix... C'est pas toi...
Elle (se dressant en appui sur ses avant-bras) - Ecoute, j'ai pas envie, mais alors pas du tout, à deux heures du matin, de participer aux recherches et expériences du Centre de Recherche Surréaliste!... Allez, bonne nuit, éteins.
(Elle lui tourne le dos, frottant de la joue l'oreiller qu'elle étreint.)
- Je parle sérieusement... Je ne te reconnais pas.
(Elle se redresse.)
- Tu as bu.
- Non, non... la bouteille de scotch n'est même pas ouverte. Je vais la chercher, tu vas voir.
- Laisse, je te crois... Mais, bon... faut que tu ailles consulter dès demain.
- Raconte-moi notre première rencontre.
- Ah ! c'est pas vrai !... Il fallait vraiment que tu choisisses deux heures du matin pour sombrer dans la folie, en pleine nuit, comme ça, dans notre lit ! ?
- Alors... vas-y, raconte.
- Tu me fous la paix, ensuite ?... Promis ?
- Promis.
- Bon, je vais te dire où on s'est rencontrés, et on reparlera de tout ça demain. D'accord ?
- Oui.
- C'était à l'Hôtel de l'Univers, Périgueux, 24, Dordogne.
- Non.
- (...)
- C'était à Prénovel, Hôtel des Piards, 39, Jura... On a fait du ski de fond.
(Elle se lève brusquement, sort de la chambre.)
- Où tu vas ?
ELLE (du salon) - J'appelle les urgences !
(Il se lève, se précipite au salon, s'empare du téléphone.)
- T'es folle !... je suis pas une urgence !
- Ah ?... C'est moi la folle ?... Tu me réveilles en pleine nuit, pour... pour... pour m'ébouillanter de ton délire, et c'est moi, la dingue !
- Pourquoi me mens-tu ?... Pourquoi moi ?... Qu'as-tu fait de la VRAIE ?
- ELLE (lasse, accablée) - Bon, je vais faire du café. Pendant ce temps, assieds-toi, cale-toi bien dans le fauteuil, ferme les yeux, respiration ventrale.
(Il suit ses prescriptions. Elle revient bientôt avec deux tasses, lui en tend une et va s'asseoir sur le canapé. Tout en tournant son café, elle le considère gravement.)
ELLE - Ca va mieux ?
(Après avoir tourné son café, il en boit une gorgée, allume une cigarette.)
- Comment ça : MIEUX ?... Je vais toujours parfaitement.... Pourquoi me mens-tu ? quel est ton mobile ?...que cherches-tu ?
- Rends-moi le téléphone.
- Non, tu vas paniquer tout le monde, pour rien.
- Comme tu as dit dans ton texte de l'année dernière:" Le pauvre ! Il a une pipistrelle dans la soupente, une fourmilière sous la perruque, des charançons dans la cloche, un rat mort dans la marmite, des grumeaux dans la pâte, des myriapodes dans le tabernacle, il pétarade du bulbe, il crépite des synapses, avis de tempête dans le melon..."
- Arrête !
- Et, rappelle-toi : c'est moi qui t'ai suggéré "tabernacle". Tu vois : c'est bien moi, la VRAIE.
- Tu mens. Quand j'ai écrit ce mantra, tu étais chez ta mère, pour l'aider à débroussailler ses comptes.
- Bon, je renonce. Merci pour l'idée : je prends la voiture et je passe le week-end chez ma mère. Je serai chez elle vers six heures, ça ira, elle se lève toujours à cinq heures. Je reviens lundi en début d'après-midi. J'espère que tu te seras repris.
- Pour qui me reprends-je ?
(Elle va dans la chambre, puis dans la salle de bain, remplit hâtivement un petit sac à dos. Elle met son imper, chausse ses bottes. Dehors, il pleut bien plus que bisons qui pissent).
ELLE - Bon, j'y vais, au revoir, essaie de dormir et...
- Quel est le nom de jeune fille de ta mère ?
- Tu m'emmerdes!
(Elle saisit le sac à dos par les bretelles et sort en claquant la porte.)
LUI (seul) - Au revoir, Madame.
(Il rêvasse quelque temps, puis comme frappé d'inspiration, il quitte le fauteuil pour se servir un verre de scotch qu'il déguste en fumant après n'avoir laissé allumée qu'une petite lampe chétive.)
LA VOIX DE FEMME (chuchotement émis d'on ne sait où) - Pour qui se prend-elle ?
- Pour toi, je crois... Raconte-moi notre première rencontre.
- (...)
- Tu crois, toi aussi, que je bourdonne du lustre ?
- LA VOIX- Je n'entends pas de bourdonnement.
- Ah! je le savais ! C'est pas elle la VRAIE ! N'est-ce pas ?... J'ai raison ?
- (...)
- T'es là ?... Hé ! t'es partie ?
(Il attend longtemps et vainement une réponse. Il quitte le fauteuil rallume toutes les lumières, inspecte toutes les pièces, tous les placards, il regarde même sous le lit. Il se rassoit lourdement dans le fauteuil, hagard. Il hésite, se relève et se sert un second scotch qu'il boit à petites lampées en fumant. Le verre vidé et la clope écrasée, ses paupières peu à peu s'alourdissent puis se ferment. Il dort, serein, toutes pièces éclairées.)

LUNDI, DEBUT DE L'APRES-MIDI

(La sonnerie de la porte d'entrée retentit. Il se hâte, ouvre la porte.)
ELLE - Bonjour, mon chéri.
(Elle entre. Il ferme la porte, la débarrasse de son sac à dos. Ils échangent un long baiser.)
ELLE ( brusquement tout agitée, exaltée, parlant très vite, arpentant le salon tandis qu'il la regarde, debout, dos appuyé à la fenêtre.) - Génial, ce week-end à Rome ! On a eu beau temps. Ils sont marrants, très sympas les Italiens ; Sylvie m'a un peu énervée. Tu sais ce qu'elle voulait faire de la matinée de dimanche ? La passer à la piscine de l'hôtel. La conne ! Non, je n'insulte pas mes copines. L'égarée, disons... La galerie Borghèse ; pas de problème d'avion ; enfin, un week-end c'est trop court. Au fait, j'ai un petit cadeau pour toi.
(Elle va chercher son sac, en sort un paquet cadeau. Elle le lui donne.)
LUI (stupéfait, incrédule, bredouillant) - Heu... merci, ma... t'es adorable.
(Il déchire l'emballage. C'est un livre, dédicacé par De Luca.
Elle ne lui laisse pas le temps d'un baiser de tendre remerciement. Elle se précipite vers la salle de bain. Il la suit.)
ELLE(se déshabillant en hâte) - J'ai besoin d'un bon bain chaud. Oui, c'est par hasard. Y avait des prospectus à l'accueil de l'hôtel, une signature dans une librairie, pas loin, à dix-huit heures; quand j'ai vu le nom de l'auteur j'ai dit à Sylvie que ça te ferait plaisir - tu lis l'italien, je crois, moyennant un petit effort et un dico -, tant pis si j'attendais longtemps, elle n'était pas obligée d'y aller avec moi, c'était le samedi soir. En fin de compte elle est venue : la piscine fermait à dix-sept heures (elle éclate de rire. Lui, il simule, ricane à la traîne). Je ferme la porte, j'ai besoin d'intimité tiède.

(Elle reste une heure dans la salle de bain. Pendant ce temps, accoudé à la fenêtre, les yeux perdus entre toits et nuages, il fume cigarette sur cigarette, ses mains tremblent. Elle revient en peignoir, cheveux mouillés, ça lui va bien.)

ELLE - Qu'est-ce que t'as dit?
LUI (se retournant) - J'ai rien dit.
- Je ne suis pas la Pucelle d'Orléans ! Tu m'as posé une question, juste quand je sortais de la baignoire. Mais je ne l'ai pas bien comprise.
- Je t'assure, Vainguieu m'en est témoin !... je n'ai pas prononcé un mot depuis au moins une heure.... Je sors, j'ai besoin de prendre l'air.
- Je m'habille, on sort tous les deux.
- Non, j'ai besoin d'être un peu seul.
(Elle baisse la tête, puis la relève pour le regarder fixement, longtemps.)
- Tiens... ça ne te ressemble pas, une balade en solitaire, par ce temps crasseux... D'ailleurs, depuis mon retour, je trouve que tu ne te ressembles pas.
- C'est sûr que je ne suis pas en forme aujourd'hui.
- C'est pas ce que je veux dire.
- Qu'est-ce que tu veux dire, alors ?
- Raconte-moi notre première rencontre.

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Commentaires (4)

Posté par
le 04/11/2011
il faisait un temps mitigé comme le robinet du bidet, puis t'es arrivé avec ta 4 chevaux, juste au moment ou je pissais contre le vent, et toi du coup ta cru qu'il pleuvait, les essuies galces se sont bloqués, t'es descendu furax , alors pour te calmer je t'ai montré mon cul , et c'est a ce moment que tu m'a dit voila une rencontre inattendue
AYSLANE
Posté par
le 04/11/2011
Ya plus qu'à prier pour que la voix ne s'invite pas chez nous... 😊
On'X
Posté par
le 04/11/2011
Chouette ! Un texte long !
Votre univers est toujours aussi étrange et décalé. Une autre dimension. Une dimension multiple.
Je connais ça, un peu : quand je me décorpore et que je m'observe, je me demande bien laquelle de moi est.
Posté par
le 05/11/2011
Décalé mais pas si fou que ça. Pour la raison, que de questions pour apprivoiser l'inconnu ! Un texte qui m'interpelle
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