anaphore 13.08 rectifiée 9.11.

bon courage petite petit dont le premier baiser - est déjà enregistré par la surveillance du demi-jour - l'autorité désormais atmosphérique captera la moindre dérive du rose officiel - bon courage les rêves vivipares - les coïncidences non brevetées - bon courage à vous dont la sainte Sécurité exige que votre âme soit photomaton et biométrie du renoncement - bon courage nouveaux-nés compétitifs - bon courage ours dans le blanc baleine dans le cri - bon courage oiseaux - dignité de l'envol malgré la pesanteur de nos lumières - bon courage aux noyés de toutes les migrations - bon courage Aphrodite de renaître de l'écume de marée noire - Nérée et Doris de consoler les larmes huileuses de vos cinquante gamines - bon courage Déméter transgénique Eleusis sans Mystères - bon courages vestiges des caboulots - villages-fantômes surpeuplés de pas perdus - bon courage Renart en Malpertuis et en rousseur hypothéqués - bon courage la vieille - de cinquante ans qui coûte plus cher à l'Entreprise - sacrée de vivre - que la Chinoise de dix ans - bon courage petite Chinoise et puisses-tu leur imposer ce qu'est le déluge de toutes les petites grandes et vieilles Chinoises - bon courage vieux hors d'âge hors de vous hors de tous - bon courage à la terre d'être digérée par sa propre famine - bon courage aux scientifiquement massacrés toujours plus loin toujours plus net - bon courage au regard hurleur du dernier grand singe au pied de sa généalogie - bon courage aux tribus qui nous ignorent encore - aux chants offerts à l'esprit des sentiers - bon courage aux questions à vif - bon courage colère engluée dans la sage tiédasserie - fous rires au gibet pleurs sans paupières - bon courage à mon petit visiteur chat que je comprends si peu - bon courage à ce petit gosse qui massacrait à la sortie de l'école des créatures pour moi invisibles - peut-être m'a-t-il sauvé - bon courage aux mots de marcher dans la neige - bon courage... - le mauvais courage? - pas besoin de le souhaiter - puisqu'il s'impose - et qu'il n'a jamais mal - et qu'il n'a peur de rien

Genre :
- Poème

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Commentaires (13)

Posté par Clchtt

le 25/05/2010

Eloquent mais malheureusement pour ne décrire que la noirceur du monde. C'est vrai que ce monde est souvent laid, mais pas toujours. Moi qui est une fâcheuse tendance à la dépression, en ce moment j'ai décidé d'être positive ! Bon ça ne durera peut-être pas une fois que je me serais explosé la tête à mon concours (!), mais pour l'instant c'est comme ça. Et ça m'attriste de vous voir comme ça. J'aimerais tant que voyez les choses belles de ce monde, même si elles sont peu nombreuses et souvent discrètes et silencieuses...

Posté par christanil

le 25/05/2010

En le lisant, j'entendais presque Léo FERRE chanter.

Posté par Jean-Mi

le 25/05/2010

Clochette, tu es sympa, et j'admire ton optimisme plus ou moins forcé. Mais le réel reste le réel et mes anciens élèves sont en centre de rétention, ils seront bientôt renvoyés à la misère et à mort. Notre problème reste la poésie, à condition qu'elle soit ce qu'appelait André Breton: "Changer le monde, changer la vie, refaire de fond en comble l'entendement humain..."

Posté par Jean-Mi

le 25/05/2010

à clochette
Petite fée, je comprends votre deuxième message.... Mais le réel s'impose: "le merveilleux est beau, tous les merveilleux sont beaux, il n'est même que le merveilleux qui soit beau.", disait André Breton, confiant au point de titrer "il y aura une fois." Malheureusement la connerie, le capital, les marchés, les agences de notation, la presse dominante (financée par les marchands d'armes), enfin tous les escrocs (assassins à l'occasion)qui prétendent représenter le peuple nous préparent, selon la stratégie du salami, un fascisme cool. Comme disait Louis Aragon avant de devenir un abject stalinien: " Je rêve parfois d'une gomme à effacer l'immondice humaine." Mais ne voyez en ces propos rien de décourageant. Vivent les évasions et les évadés. J'en fus et le savoure.

Posté par Clchtt

le 25/05/2010

Moi je suis pour une sorte d'utopie réaliste. Je sais c'est un peu absurde, mais je veux dire par là qu'à l'adolescence on rêve et on croit qu'on peut changer le monde et tout refaire en un monde magique et merveilleux et que tout est possible. A 31ans comme moi, on sait bien que malheureusement tout n'est pas possible et qu'il faut bien tenir compte de la réalité. Mais je veux encore croire à ce côté un peu fantastique, où l'on pourrait encore changer les choses si enfin tout le monde se décide à bouger plutôt que d'attendre que ça nous tombe tout cuit dans le bec et ne faisant que se plaindre. La vie n'est pas rose, c'est un fait. Mais si on veut la changer, il n'y a pas d'autre moyen que de faire, soi-même en sorte qu'elle change, sans attendre que ça vienne d'ailleurs, d'une manne providencielle. "Aide-toi et le ciel t'aidera". Certes, il est un fait, que la vie n'est pas juste, et que pour certain c'est vraiment vraiment bien plus dur que pour d'autres et que pour s'en sortir, il faut vraiment lutter. Mais attendre que ça vienne d'en haut, ça ça ne marche pas. Alors, y'a pas le choix, faut se bouger. Et il faut croire au moins un peu qu'on peut y arriver, parce que si non, on est déjà mort. Et moi je m'y refuse. Je veux croire qu'on peut encore sauver quelque chose de la France. Si non, c'est pas la peine d'y rester vivre ! Autant tous aller vivre à l'étranger je ne sais où?

Posté par Jean-Mi

le 25/05/2010

A l'étranger ou ailleurs nous ne sommes toujours que notre pauvre individualité en quête de solidarité, au mieux de fraternité. La seule attitude que je n'hésite pas à qualifier de morale est la révolte permanente, ce fut, pour m'en tenir aux contemporains, la posture de Péret, d'Artaud, de Breton, de Crevel, de Fondane, d'Armen Lubin, d'Yves Martin, de Guy Chambelland, de José Corti... Nous n'avons qu'une vie, qu'elle explose dans les salons du savoir vire pour laisser la place à ceux qui sauront mieux que nous rire de notre faillite.

Posté par Jean-Mi

le 25/05/2010

savoir vivre

Posté par Clchtt

le 25/05/2010

Vous êtes donc un révolté. Moi je veux encore croire que tout n'est pas perdu. Mais peut-être deviendrais-je révoltée moi aussi bientôt... Il faut reconnaître que parfois, c'est à se taper la tête contre les murs...

Posté par Jean-Mi

le 25/05/2010

La tête contre les salauds me semble plus efficace. Mais je ne voudrais pas incarner le mauvais génie: j'ai connu l'amour fou et l'amitié, aussi je rends grâce à la vie, puisque rien d'autre n'est possible.

Avec tous mes voeux pour votre vitalité,

Jean-Mi

Posté par Clchtt

le 25/05/2010

Ah c'est vrai que c'est une idée, la tête contre les salauds, j'y avais pas pensé !
Heureusement qu'il y a encore des gens qui veulent croire que tout n'est pas perdu non?
Clochette.

Posté par Jean-Mi

le 26/05/2010

Ce n'est pas au hasard que j'ai mentionné la prochaine insurrection sur ma fiche de présentation. Dès l'âge de seize ans j'ai organisé la grève de mon lycée, avec (miracle) le soutien des profs et de la F.C.P.E, nous avons gagné le droit d'affichage politique, le droit de réunion pendant les heures de cours, ma présence à la commission permanente... Ce qui ne m'empêchait de lire ILLUMINATIONS et LE CAPITAL, et de tomber amoureux. La vie est là. Même si on la brûle, on aura essayé d'en être dignes.

Posté par marie jeanne

le 26/05/2010

Quel texte magnifique! Dans son écriture et sa manière de penser, dans sa force et son humanité.L'ombre portée de sa lumière.Le paradoxe de sa compassion et de son espérance. Joie et douleur indissolubles.La vie.Mais je n' ai pas bien compris peut être et j'écris des sottises? Là où je suis persuadée de ne pas me tromper c'est sur la beauté du texte!

Posté par Jean-Mi

le 26/05/2010

Merci, Marie-Jeanne, je ne doute pas que vous avez tout compris.

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