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Textes Auteur(e)s lotuus
1. Une autre Alice
lotuus
Par lotuus
Texte daté de 2010
Ce texte a été commencé il y a quelques mois déjà et je ne cesse de le modifier pour le moment. Je compte faire de cette "ébauche" une nouvelle.
Ce serait l'histoire d'une jeune fille perdue dans la réalité de ses rêves...

Elle était debout dans les décombres. L'image venait à elle comme d'un rétroprojecteur interne: elle contemplait les vestiges encore frais du labyrinthe qu'elle avait aidé à bâtir... avec ceux que l'on nommait "attenteurs", ceux là même qu'elle n'avait pu nommer. La poussière recouvrait ses pieds nus et au dessus de sa tête s'ouvrait le ciel, immense et majestueux.

C'était la première fois qu'elle pouvait deviner de l'infini une aussi grande parcelle de bleu tendre. Le jour s'épandait au delà de la nuit pour son grand baptême, premier jour de liberté. La liberté! Était-elle si impétueuse qu'elle ne put l'approcher de si près avant ce jour béni de toutes les divinités fantasmées au monde? Était-elle si vaste qu'elle se sentit perdue dans ce tournoiement de lumières, de couleurs et de formes?
Les questions, inconstantes, se précipitaient en des cliquetis stridents dans chaque recoin de son crâne enflammé. Le traumatisme de la libération fut plus ardu encore que tous ses sens se mutinaient contre elle; sa tête n'était pas non plus inerte et l'esprit cognait toutes les parois de sa grotte des élucubrations.

Démasquée pour un autre masque; elle le savait: le sort lui voulait du bonheur et il était hors de propos de s'appesantir en lamentations vaines et insensées. Libre...bonheur... Était-ce cela "être heureuse"? La douleur que lui procura l'évènement pendant ces quelques instants la déformait dans son corps; ses os se brisaient en mille cellules qui se mélangeaient aux autres, déjà lâchées de toutes parts.
Son esprit la quitta, promptement remplacé par une page blanche et lisse, sur laquelle on attendait qu'elle écrivît. Elle réalisa alors qu’au fil du temps les outils acquis pour surmonter ses difficultés s’égaraient toujours. Ainsi, ne pouvant progresser davantage, elle se satisfaisait depuis des années lumières à tourner en rond ; elle commençait sans cesse la même histoire et reproduisait à chaque fois les mêmes erreurs. Puis elle demeurait inexorablement au même point, tel le phénix qui renait de ses cendres pour mourir éternellement ; comme une balle qui se heurte toujours au même mur…

« Pas cette fois. » murmura-t-elle, la voix déjà pleine de regrets. Pour s’assurer de changer le cours des choses, il fallait se souvenir ; et pour cela il ne fallait pas se laisser aspirer par le trou noir ; l’oubli terne et sans vie. Pour se faire, elle attacha solidement ses pieds au sol à l’aide de cette poudre dont elle n’avait encore jamais compris l’usage : la poussière d’apesanteur la maintiendrait au sol, fermement. Enfin, elle pourrait être nouvelle.
Alors elle fabriqua sa façade de soleil; mais derrière elle, toujours la nuit. L’esprit torturé, elle espérait réussir pour la première fois à se sortir de ce perpétuel cauchemar. Elle ne cesserait jamais de regretter les murs rapprochés de son passé brisé. Jamais vraiment.




«Suis-je moi-même?» La Question était-elle bien celle-ci? N'était-elle pas plutôt «Suis-je la même?». Des phrases d'Alice raisonnèrent en elle comme une évidence. «Mais si je ne suis pas la même, qui donc serais-je? Ah, c’est là le grand problème!» Une évidence, donc, à laquelle elle aurait pu trouver une réponse, cette fois… peut être… Cette fois seulement, puisqu'elle aurait pu tenter d'explorer les profondeurs insensées de son être et d'y trouver un sens à l'existence. Cette fois ou jamais.

Les pensées oppressantes et salvatrices allaient, se bousculaient dans sa tête qui, elle le savait, enflait à vue d'œil. Elle décida alors, pour se soulager et peut être ainsi approcher de la plénitude, de détacher son esprit du corps auquel il était lié. Elle le sentait flotter dans l'air, léger comme un fœtus dans le placenta du ventre de sa mère. Il dansait pour elle. Une sorte de menuet vaporeux et frais, presque enfantin. Ses mouvements amples devaient être la cause de cette brise fraîche et vive; un lapin bondissant dans l'air; pressé, trop pressé... Le lapin blanc d'Alice. Elle était Alice et son esprit avait créé pour elle le décors de son aventure de l'autre côté du Miroir. "Devrais-je passer au-delà ou simplement rester là, en suspension entre délire et fantasme? Y en a-il un quelque-part? Où ça? Quel miroir? »

Elle regardait autour d'elle avec l'intensité d'une malade incurable qui se sait condamnée. Il lui restait peut-être à peine quelques centièmes de secondes... Elle faisait si vite le tour du décors onirique qu'elle eut le tournis pendant un long moment. Passé celui-ci elle levait la tête droit devant elle et devinait le contour d'un buisson vert taillé comme une fontaine du Jardin de Versailles. A travers ce qu'elle distinguait, elle voyait presque l'eau se déverser sur l'herbe avec la pétillante du champagne.
Alors elle s'avança à pas de libellule, insecte discret et gracieux. Arrivée à environs un mètre du buisson, elle comprit enfin; et elle le vit. Le miroir de son âme, de sa vie. "Il faut aussi que je change de tête..." se répéta-t-elle, comme à chaque fois. "Je ne peux pas tout changer en demeurant la même à l'extérieur, c'est irrationnel."

Pourtant, pour elle, malgré toutes ses transformations successives, il ne fut jamais question de modifier son sexe. Elle était intimement persuadée de ne jamais pouvoir comprendre le comportement décalé des hommes ; dès lors, il lui semblait impossible de concevoir un changement de cet ordre chez elle. Elle y pensait souvent et se questionnait inlassablement à ce sujet :
« C’est si stupide d’y penser ! Je ne m’imagine pas en homme. Je serais un mâle incohérent, peut-être même hermaphrodite.. ! Comme le monde est étrange… Si j’avais eu le privilège d’être Dieu, j’aurais fait les femmes et les hommes à la même échelle, pour qu’ils aient une chance de se comprendre un jour…
J’ai toujours eu l’impression que l’épisode de la tour de Babel n’avait pas fait que séparer les peuples, mais également les genres. Peut être pour éviter la concupiscence –ce qui, je dois l’avouer, ne fut pas une très grande réussite. Je pense que mon hypothèse se tient, à moins que ce ne soit la responsabilité du péché originel. J’exècre cette histoire. Elle fait d’Eve un Lucifer en puissance… C’est d’ailleurs à ce genre d’écrits que je dois ma situation inextricable. Les hommes voient toujours les femmes comme la faiblesse de l’espèce, et c’est pour cela qu’ils ont tendance à nous classer à part, comme une boîte de Pandore qu’il vaut mieux admirer qu’essayer de comprendre. A mon sens, si cela s’était vraiment passé comme il nous est raconté, il faudrait, avant de mettre à l’échafaud la curiosité malsaine de la première femme, réfléchir sur l’incapacité douteuse du brave Adam à prendre ses propres initiatives indépendamment de sa compagne, et également sur son manque irrationnel de raison. Finalement, nous en viendrions à nous demander quelle est leur complémentarité et non leur différence.
Quoi qu’il en soit, je pense que cette erreur des premiers humains a bien dû les séparer d’une cloison opaque et insonorisée… »




Elle apparut dans notre monde en un habituel clignement de cils. Son image vrilla, vacilla quelques millièmes de secondes, se matérialisant à souffle coupé. Elle gardait les paupières closes, seulement à demi consciente de sa présence à elle-même. Lorsqu'elle sentit enfin la brise s'apaiser autour d'elle, les odeurs surgissaient déjà de toutes parts et, agressives comme des lames de sabres japonais, enflammaient ses narines amnésiques. Ses yeux brûlaient aussi atrocement que si elle s'était trouvée au milieu d'un feu de forêt et elle peinait à les ouvrir craignant de s'être encore trompée de destination...

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Commentaires (3)

nanabert
Posté par
le 28/07/2010
J'aime beaucoup ton texte, il retranscrit bien les contradictions du Rêve. Cependant je trouve que les références a des objets trop "réels"(rétroprojecteur, balle) casse un peu l'atmosphère. Sinon rien a redire =)
Jean-Mi
Posté par
le 28/07/2010
"Je marche sur la corde raide de mon identité", disait Marie-Françoise Prager... Quant au mythe du péché originel, il relève, c'est vrai, de l'abjection. Merci de votre visite et de ces mots trouvés dans les décombres.

Jean-Mi
lotuus
Posté par
le 16/08/2010
Bonsoir =)
Nanabert, merci. Les références que tu as remarquées ont une importance capitale, comme une sorte de repère. Dans la trame de l'histoire, le réel va finalement revêtir une importance capitale, s'entre-choquant avec le rêve dans un duel "final". Bien sûr, je n'ai pas terminé d'écrire cette histoire même si j'en ai déjà organisé le récit...
Merci Jean-Mi, ce commentaire me parle vraiment... pour moi tu as mis le doigt sur ce qui était essentiel dans ce que j'ai déjà publié ici.
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