Vies croisées, 7e et 8e épisodes. lipogramme de U^{©Ce texte est protégé par un copyright.}

Suite 7

Le ciel s’est éclairci, Agatha s’est extraite
De sa réalité en griffant le cahier,
Mais, en se relisant n’est jamais satisfaite,
Tant elle a gommé mots et phrases en entier.

Reviennent parfois les raisons l’obsédant,
De ces temps si lointains et le travail de sape,
De la haine et la honte, à ce fait dégradant,
Ayant brisé sa vie et dont elle ne s’échappe.

Elle évite avec soin d'accoler les images,
Et laisse l’héroïne avoir ce sentiment
Côtoyé en rêve, pendant d’ardents voyages,
En sentant son sexe redevenir vivant.

Elle a passé sa vie à effacer la trace,
Et s’est transformée en femme sans attrait,
Effaçant de son corps, même devant la glace,
Cette féminité la mettant en retrait.

À soixante ans passés la voilà arrivée,
Ne s’étant hasardée à connaître d’amis,
Encore moins d’amant, craignant d’être trompée,
Et se confie enfin à travers ce tamis.

La création la prend et elle s’y adonne
Pleine de passion, sans compter de son temps.
Son destin est réglé, elle ne reçoit personne,
Ses parents sont morts, Il y a de ça longtemps.

Suite 8

Agatha, a monté trois gros brocs de charbon,
Serré Le café passe, et se dore le pain,
Ronronne la flamme, le potage sent bon,
Il en restera bien trois assiettes demain !

Concernant son roman, la trame est spontanée,
Ses héros maintenant tracent en son esprit
La ligne maitresse, car reste instantanée
Son désir d’écrire, sans le moindre répit.

Elle attend en rêvant la première vision,
Espérant étayer, de façon attachante,
Cette histoire encore en pleine éclosion,
Car la personne d’Eve est vraiment attachante.

Elle la voit venir, nimbée de soleil d’or,
Et s’avancer vers l’homme, allongé à la plage.
Hier il l’arrachait des griffes de la mort,
En bravant les flots, sans en tirer avantage

Rose d’émotion, Eve lève sa main,
Et se dirige vers l’homme si intrépide,
Ayant tenté l’exploit, tellement incertain,
Sans penser à sa vie, en restant impavide.