Une poussière©Ce texte est protégé par un copyright.
Elle quitte son angle et se laisse planer. Lentement. La fenêtre est entrouverte. Les fibres bleues du rideau, entrecroisées, ondulent nonchalamment, narguant l'immobile et dépravé textile orange du divan. Une douce odeur de thé vert, s'élevant depuis la tasse posée sur la table basse, fait l'amour avec la lumière, pâle, fille d'un soleil mourant.
Et le Silence règne implacablement sur son inerte empire. Aucun bruit n'ose naître.
Et elle continue à flotter, irrésistiblement attirée vers la porte entrebâillée. Elle s'y glisse. Du blanc et du bleu carrelés l'accueillent chaleureusement. Mais elle ne s'attarde pas. Elle s'approche difficilement de la baignoire d'albâtre - les mouvements de l'air se font rares.
Une femme, le sourire aux lèvres, s'y trouve. Le châtain de ses cheveux danse avec le hâle de sa peau dans le tiède liquide. Elle est belle. Et le Silence effleure sa bouche, caresse ses paupières et frôle amoureusement ses seins. Il pose ses glaciales lèvres sur celles de la jeune fille et glisse ses mains jusqu'à son entrejambe immergée. Puis il se retire, lentement, sans troubler la surface de l'eau. Et, après un infime moment d'immobilité, la Poussière descend respectueusement jusqu'au front de la femme inanimée et s'y pose fièrement, surplombant la mer rougeâtre dans laquelle stagnent ses poignets écorchés.
Commentaires (5)
L'idée étant de décrire une scène immobile, j'ai pensé qu'une poussière était suffisamment discrète pour ne pas troubler cette immobilité.
ce qui la change de son quotidien de persecutée du chiffon et du balais
Apporter de la couleur à la poussière.
Lui donner l'opportunité de faire
étalage de sa passion
et de sa condition.
Une évolution
de la poésie hermétique.
Un écrit magique.
Pour une vie authentique.
Merci Lenore.
commentaire
Tout est poussière ?