Les Edentés^{©Ce texte est protégé par un copyright.}

C’est nous qu’on est
Des gosses
Aux ch’veux en brosse
Avec deux dents
qui manqu’nt devant
Et les gens
Trouvent ça charmant

On n’a pas toujours été

C’est ma Grand-Mère
Ma belle chérie
Qui à la fin de sa vie
En avait plus qu’une paire
Comme deux grains de riz
Dans son sourire
De lumière

On n’a pas toujours été

Des adolescents
Rongés de mal-être
A qui on a légué
Un monde à s’piquer
Un monde à la dérive
Qui peuvent bouffer la vie
Qu’avec les gencives

On n’a pas toujours tété

J’ai un secret
à confesser
Excusez-moi
De la ramener
Y a quelques années
on m’a opéré
J’ai eu de la chance

On a pas toujours santé

Je touche du bois
J’m’en suis tiré
Mais il restait
Pas de pognon assez
Pour les remplacer
Les dents de devant
Par l’intubation déchaussées

On n’a pas toujours beauté

Alors me faut bien m’en passer
Vu ce que j’ai amassé
En cinquante piges
A vivre de voltiges
Et ne sourire
Que derrière mon poing fermé
Que je vous mettrais bien sur le nez.

On n’a pas toujours été

Que des salauds d’édentés.

P.S. : Méfiez-vous
Un jour ou l’autre
Plutôt l’autre, d’accord
Mais on pourrait encore
Vous sauter au cou
Pour vous les y planter
Nos chicots acérés

Faut pas plaisanter.