Par Victor Segalen
                                        
                                        
                                    Extase
Suis-je ici vraiment ? Suis-je parvenu si haut ? 
Paix grande et naïve et splendeur avant-dernière, 
Touchant au chaos où le Ciel qui plus n'espère 
Se referme et bat comme une ronde paupière.
Comme le noyé affleurant l'autre surface 
Mon front nouveau-né vogue sur les horizons. 
Je pénètre et vois. Je participe aux raisons. 
Je tiens l'empyrée1, et j'ai le Ciel pour maisons.
Je jouis à plein bord. De tous mes esprits. J'irrite 
Mes sens élargis au-delà des sens, plus vite 
Que l'esprit, que l'air. Je me répands sans limites,
J'étends les deux bras : je touche aux deux bouts du Temps.
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