Hier, j'ai fait ça sous l'ombrage pudique des arbres - c'était la première fois- dans le bruissement des feuilles, le soleil printanier, au grand jour des yeux curieux. Alors j'ai ouvert mon cœur et je me suis mise tout contre...
Tout contre la falaise, la cuesta de ma ville, le socle sur lequel nous reposons, sur lequel frappent nos talons pressés chaque jour...
Tout contre l'arête de notre seuil.
Contre les corps accumulés en bloc de nos ancêtres crustacés avec qui nous étions, petites particules dans l'Océan primitif.
J'ai regardé le roc dans les yeux : il m'a reconnu,
Et nous nous sommes fait confiance...
Je l'ai empoigné : il m'a soulevée.
J'étais en sécurité sous son regard serein ...
Je me suis hissée et il m'a accueillie dans ses bras de titan où je me suis lovée.
Dans l'ascension, mon corps en tension s'est arc-bouté à son contact,
Virevoltant au bout de la corde vitale.
De mes bras et de mes jambes, j'ai frôlé sa masse imposante ; de mes mains, j'ai recherché les failles du colosse...
J'ai transpiré dans l'effort,
Plaqué ma poitrine sur son buste vigoureux et...
J'ai flirté avec le vertige...
Au dernier acte, paroxysme de la joie -corps en ébullition- j'ai vaincu mon rocailleux amant au regard fuyant et à l'apaisante présence : c'en était fini.
Or, je rêvais déjà de retrouver sa rugueuse étreinte.