DROIT DEVANT, DROIT DERRIERE
Nappe de pétrole propre
La nuit s'est décomposée sur nos routes
Et l'indicible serpent contracte ses anneaux
Sur le noir amalgame.
Les yeux phosphorescents se suivent
Dissemblable assemblage de couleurs rouge et jaune
Chacun scrute la nuit
Et louche sur d'autres yeux.
Canalisés, comprimés, ils s'essoufflent
Entre deux haies de métal et de nuit.
Passent fugitifs les yeux des sédentaires
Enracinés, clignant, clignotant, papillonnant.
Chacun suit sa route, droit devant,
Droit derrière.
S'il faut tourner, mais c'est toujours tout droit.
Personne ne tourne la tête.
Ils fuient quelque chose, vers autre chose.
Dans leurs engins feutrés
Chacun avec sa vie, chacun avec sa nuit.
Ils foncent, nez à dos, yeux contre yeux
Puis s'écartent et se dispersent.
Toujours comprimés, canalisés, ils s'essoufflent.
Il s'engouffrent dans les mêmes néants.
Chacun suit sa route, droit devant,
Droit derrière.
Un œil de sédentaire les attend là-bas
Calme abri de paix, d'amour.
Leur nid de lumière dans la nuit.
Tout à coup il tourne dans un invisible chemin.
Il est chez lui.
Chacun finit sa route, droit devant,
Mais pas derrière.
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